
Jean-François Mathé
Détail du Possibles n° 34 – décembre 2024

Sommaire n° 34 – Décembre 2024
Jean Pérol, Jean-François Mathé, 5
Michel Pleau, Le poème glissé sous la porte, 8
Alain Raimbault, Hommage à Jean-François Mathé, 19
Jean-François Mathé, Courriels à Pierre Perrin, 22
Jean-François Mathé, À Pierre Jourde, 137
Jean-François Mathé, Examen d’une note critique, 139

Notes de lecture
Jean-Claude Tardif, Les chemins dérisoires, Éditions Petra, 2024, 90 pages, 12 €, par Pierrick de Chermont, p. 143.
Jacquy Gil, Issues provisoires d’un devenir, Éditions La Licorne, 35 pages, 16 €, par Marie-Christine Guidon, p. 143.
Christophe Pineau-Thierry, Nos matins intérieurs, Éditions du Cygne, 2022, 54 pages, 10 € et Sentier débutant, PhB éditions, 2024, 48 pages, 10 €, par Carmen Pennarun, p. 144.
Daniel Guénette, Le Complexe d’Orphée, essai sur l’objet « poésie », Éd. Nota bene, 2023, 186 pages, 27,95 $, par Pierre Perrin, p. 146.
Alain Breton, Je ne rendrai pas le feu, Les Hommes sans épaules, 2024, 170 pages, 15 €, par Pierrick de Chermont, p. 147.
François Graveline, Au beau milieu de soi, L’Atelier du Grand Tétras, coll. Glyphe, 2024, 80 pages, 15 €, par P. de Chermont, p. 148.
Jacques Robinet, La Nuit des sources, La Coopérative, 2024, 240 pages, 22 €, par Pierre Perrin, p. 149.
Descriptif du n° 34, [ISBN : 978-2-9580946-2-1], 1er décembre :Format du volume : 130 x 200 mm |
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Accès à la présentation critique de l’œuvre de J.-F. Mathé
[par Pierre Perrin, parue dans la revue Arpa n° 143, février 2024] —>
Accès au n° 35, Chemin d’âmes, mars 2025
Quelques retours« Les courriels de Mathé révèlent un écrivain intègre, ils font voir un homme qui l’est tout autant, d’où le côté humain de sa poésie. En les lisant, c’est l’histoire d’un homme que l’on découvre. On parcourt avec lui les derniers moments de sa vie et cela est fort émouvant. Bien entendu, l’homme étant discret, il se tient à mille lieues du pathos. En tout et partout, il fait montre de sobriété, de pondération. Ainsi, les affres de la maladie sont-elles décrites en toute simplicité, ce qui, on l’aura compris, ne signifie pas qu’il raconte platement ; au contraire, on savoure son style grâce auquel, même dans les moments les plus graves, il parvient à exprimer justement son chagrin : « La santé de ma femme est toujours une corde de funambule. Je la retrouve parfois dans le filet. » Daniel Guénette, 13 janvier 2025. L’article complet sur son blogue. C’est peu dire que j’ai aimé ce numéro de Possibles où tu ressuscites, cher Pierre, un ami, Jean-François, tel le grand poète qu’il fut malgré la bêtise et la suffisance de ce petit milieu prétendument littéraire et qui prêterait à rire s’il ne se prenait pas autant au sérieux. Tu as eu l’intelligence de t’effacer pour que l’intelligence de l’homme éclate au grand jour. Pour cela MERCI! — Michel Lamart, Le Livre des visages, 11 janvier 25. Une belle revue littéraire : un beau numéro Je porte une affection très particulière à la revue Possibles. Je l’accueille comme un camarade qui, ayant traversé un paysage d’hiver me rejoint entre chien et loup, et avec qui je m’installe au coin du feu pour une longue veillée tandis que les carreaux écoutent le noir de la nuit et le silence bleu gris de la neige qui recouvre le sol. Aujourd’hui, avec son dernier numéro, la revue de Pierre Perrin vient m’entretenir de Jean-François Mathé, que j’ai insuffisamment lu, seulement son recueil Chemin qui me suit (Rougerie, 2011). Jean Pérol le salue dans les premières pages. Il nous rappelle qu’il appartient à cette famille des discrets profonds avec Du Bellay, Toulet, Verlaine, Supervielle. Il lui adresse avant de le quitter cette si simple prière : « Que le sourire de Miroku Bosatsu veille sur toi ». Michel Pléau, en évoquant Mathé, propose une définition du poète : « quelqu’un qui vous écrit » et dont l’œuvre entretient « une correspondance avec le monde ». L’essentiel de la revue tient dans le partage des courriels que Jean-François Mathé a adressés à Pierre Perrin entre le 18 mai 2015 et le 21 octobre 2023. Il y est beaucoup question de santé au cours de ces huit ans écoulés. Ses différentes mentions sont comme une invitation à l’humilité, « à baisser le ton » comme nous le rappelle Michel dans À ce qui n’en finit pas. Ici, Jean-François Mathé (nous) écrit avec la sobriété qui le caractérise : « Ici, la (mauvaise) santé régit nos actes, nos emplois du temps ». Car outre la sienne, si fragile et les différents traitements et séjour à l’hôpital qu’elle lui impose, il y est surtout question de celle de Nicole, la femme du poète, dont on suit l’état qui se dégrade au fil des lettres. Il y est également question de la vie quotidienne (un peu), des voyages (un peu), des petits-enfants qui viennent séjourner durant les vacances (un peu) et beaucoup, beaucoup de littérature et de poésie à laquelle, impénitent, il réagit au fil de l’actualité sans jamais se dérober. Cherchant un titre à cette correspondance, m’est aussitôt venu celui de « Leçons de franchise », au sens : quelles sont les conditions qui permettent une telle franchise dans le regard porté sur le « petit » monde de la littérature et de la poésie française d’aujourd’hui ? J’en ai relevées cinq. La première est la vitalité d’une amitié. Perrin et Mathé manifestement se connaissaient avant 2015, se sont perdus de vue, soumettant leur amitié au « réfrigérateur du silence ». Mais dès qu’ils renouent, très vite, les lettres de Mathé dégagent une chaleureuse et profonde complicité. La deuxième condition est de s’être dans le monde littéraire, d’avoir rencontré des poètes, échangés avec eux, parcouru leur blog, assisté à des lectures et surtout d’avoir lu, beaucoup lu. Au fil de la correspondance, on devine la quantité d’heures et d’attention portés à un nombre considérable de poètes – au passage, combien d’entre nous avons un tel niveau d’exigence, et de sérieux dans la lecture d’auteurs contemporains ? Lucide, sur ce sujet, Mathé (nous) partage une vérité, hélas terrible car vérifiée : « nombre d’auteurs sont incapables, même quand ils en sont bénéficiaires, de réaliser la valeur du travail des autres ». Troisième condition – la plus mystérieuse – il lit et aboutit sa lecture à un jugement argumenté (parfois cruel, parfois drôle, parfois généreux, etc.). Or, pour qui s’y est essayé, en poésie comme pour les arts en général l’exercice est des plus difficiles. Des jugements intempestifs oui, tous nous en formulons ; des analyses fouillées, oui parfois (et encore, on rechigne le plus souvent car cela demande un long effort) ; mais dégager une synthèse, oser un jugement ferme, singulier, « propre » (sans fioritures ni courtisanerie), j’en ai bien rarement lus. Quatrième condition, qui est un préalable à la troisième : il faut disposer (s’être construit) un point de vue, au sens topographique, et s’y tenir. Mathé et Perrin occupent sans aucun doute une position qu’ils partagent avec d’autres comme Chamfort, Joubert et… Jules Renard (un auteur très important pour Mathé); une position facile à qualifier, par exemple en s’appuyant sur deux citations, une de K. Raine et Yeats, que citent Mathé : « Incarner la pensée la plus haute possible dans la forme la plus simple possible » et « l’écriture poétique doit être aussi directe que la conversation ». La qualité du jugement de Mathé, sa cohérence et son authenticité – vertu bien rare en poésie comme en littérature – tiennent à cette fidélité, à cet essentiel qu’il défendent. Cinquième condition : une complicité d’âme entre Mathé et Perrin, laquelle leur permet d’exposer clairement leur jugement l’un à l’autre, quitte à être excessif, comme l’écrit Mathé à parfois « vider son sac », car il faut aussi en passer par là pour garder cette lucidité perspicace. Avec cette petite liste, sûrement pas exhaustive, on comprend pourquoi on pourrait définir la franchise comme une vertu littéraire indispensable, pour ne pas dire vitale, si l’on veut apprécier une œuvre (et ou son auteur, non pas l’homme) ; une vertu que tous nous estimons (un peu) mais que nous redoutons (beaucoup), si bien que l’esquivons par politesse parfois, par paresse le plus souvent, ou par indifférente complaisance. Bilan : oser publier une telle correspondance, alors que tant d’auteurs dont il est question sont encore vivants, exige de l’audace, mieux du « culot ». Mais cela ne saurait être une surprise pour qui connaît Pierre Perrin. Et nous lui en savons gré, car aujourd’hui comme hier, la franchise avec son « culot » qui la manifeste garde, plus que jamais, sa pleine puissance salutaire. — Pierrick de Chermont, fin décembre 2024 [Recours au poème n° 232, mai-juin 2025] Possibles 34, spécial J.-F. Mathé, ne laissera pas indifférent ceux qui nageotent – certains y « crawlent » avec ardeur – dans le bain (petit bassin ou bassin olympique) de la littérature contemporaine. Je découvre un Mathé que la lecture de ses livres ne me laissait pas deviner : polémiste, combatif, excessif à l’occasion. Je vois pourquoi vous étiez copains ! La langue, elle, ne s’éloigne pas de son taux de raffinement. Et puis la vie tout court – toute courte, même ! – qui fait que souvent on pose le livre en songeant… à soi. Bien sûr on se pose la question : Mathé aurait-il souhaité que ces courriels soient publiés… Toi seul le sais peut-être. Amicalement, Jean-Pierre Georges, [carte postale] Chinon, 16/12/24. La revue Possibles m’est parvenue hier, et déjà sa couverture me captive. Objet précieux entre tous, elle m’invite à la découverte, à la flânerie intellectuelle. Mon abonnement se révèle être un choix judicieux. Ce numéro est entièrement consacré à Jean-François Mathé, poète jusqu’alors inconnu de moi. L’hommage liminaire de Jean Pérol pose les jalons d’une exploration prometteuse. Me voilà plongé dans ces pages, happé par l’intensité des échanges épistolaires entre Pierre Perrin et le poète. J’ai dévoré quasiment d’une traite le numéro d’hommages à Jean-François Mathé. Et je me suis aperçu que, au fond, je ne le connaissais pas vraiment. Bien sûr, j’ai lu quelques-uns de ses beaux recueils parus chez Rougerie, et notamment Le ciel passant que nous avions consacré au Kowalski en 2002. Mais je ne savais pas l’homme aussi mordant, comme en témoignent les courriels que tu publies. J’ignorais tout, par exemple, de ses déboires avec Jourde. Bon, je ne te cache pas que je suis loin d’être d’accord avec son (votre) art d’égratigner à tout va, y compris pas mal de mes (nos? Je pense à Jean-Yves Debreuille) amis, mais c’est le jeu. Il y a du Chambelland (que j’aimais bien) dans tout ça. Je suis, pour ma part, beaucoup plus apaisé. Je préfère apprécier que dénigrer et je tiens notamment - pour ne citer que cela – Nageur du petit matin de Cornière pour un aussi émouvant que superbe recueil. À ce sujet, d’ailleurs, ce sont justement les propos de Mathé sur la disparition de sa femme et sur la sienne qui se profile qui me touchent le plus. Je dois être un peu fleur bleue… Je t’ai mis au courrier hier mon chèque de réabonnement à Possibles, manière sonnante et trébuchante de te dire mon attachement à ta vaillante et obstinée entreprise. Et ma fidèle amitié. Et bravo à l’illustratrice de la couverture. — Didier Pobel, courriel, 26.XI.24 Cher ami Pierre. Je viens de recevoir ce matin le N° 34 de la revue Possibles. Un numéro très puissant que je ne quitte pas depuis, tant il m’emporte dans cette correspondance, dont nous n’avons que les retours, et qui me bouleversent. Merci pour cette offrande en Poésie. — Richard Taillefer, MP sur Le Livre des visages, 25.XI.24 Je viens de lire d’une traite le dernier numéro de Possibles, cet échange à la fois passionnant et émouvant entre toi et ton ami. Je partage avec vous de nombreuses pensées sur le milieu de l’édition, sur la poésie, et ça m’a donné envie de lire un recueil de Jean François Mathé, « même s’il se souciait comme d’une guigne de sa postérité », merci de faire vivre sa mémoire. Domi Bergougnoux, MP sur Le Livre des visages, 25.XI.24 Quelle plume, ce Jean-François Mathé que vous nous donnez à connaître sous tant d’aspects divers ! Un plaisir de sincérité, une souffrance aussi pour les victimes ! Mais il en est ainsi des honnêtes gens. C’est le prix à payer de choisir pour ami celui qui n’envoie pas dire mais qui dit ! |