Détail du Possibles n° 23, Poètes en ligne, mars 2022 + trois échos

Des Poètes en ligne
Détail du Possibles n° 23 – mars 2022

Sommaire n° 23 –Mars 2022 – Poètes en ligne

couverture n° 23Jacques Réda, page 5
Jean Pérol, 13
Annie Salager, 19
Jean Orizet, 23
Vénus Khoury-Ghata, 27
Richard Rognet, 31
Chloé Radiguet, 35
Philippe Delaveau, 41
Béatrice Marchal, 47
Jean-Pierre Siméon, 51
Jeanne Orient, 55
Jean-Michel Maulpoix, 61
Ève de Laudec, 67
Jean-François Mathé, 71
Colette Fournier, 77
Jean-Yves Masson, 83
Claire Boitel, 89



Notes de lecture précédées de
Risquer un pied dans l’éternité, par Pierre Perrin, 93
Jean-Pierre Siméon, Une théorie de l’amour, par Pierre Perrin, 99
Claire Boitel, Vitamines noires, par Pierre Perrin, 100
Étienne Ruhaud, Animaux, par Claire Boitel, 102
Alain Nouvel, Sur les bords de l’Empire du Milieu, par Pierre Perrin, 104
Janine Martin-Sacriste, Les Petits Cailloux, par Pierre Perrin, 105
Odile Cohen-Abbas, Le Canon Sanda (les débauches de la connaissance), par Claire Boitel, 106
Mathilde Bonazzi, Mythologies d’un style les Éditions de Minuit, par Pierre Perrin, 107
Ève de Laudec, L’Ingratitude des oiseaux à bec, par Pierre Perrin, 109
Jean-François Mathé, Prendre et perdre, par Pierre Perrin, 110
W. B. Yeats, Lettres sur la poésie, par Pierre Perrin, 112
Philippe Delaveau, Invention de la terre, par Pierre Perrin, 114
Jean-Yves Masson, La Fée aux larmes, par Pierre Perrin, 116
Jacques Réda, La Fontaine, par Pierre Perrin, 118
Jeanne Orient, L’Accident de soi, par Pierre Perrin, 119

Format du volume n° 23 : 140 x 205 mm
Papier de 115 gr à l’intérieur, couverture couleur
Poids du volume : 220 gr. Port offert
124 pages. L’achat au numéro : 15€
[Possibles 29 rue de l’Hôpital 39600 Arbois
– courriel : foton@free.fr]

Conditions pour les libraires : 33% de remise et port offert
soit le volume pour 10 € pièce [prenez contact si davantage]

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Suivent des nouvelles en octobre et des poètes en décembre

Quatre échos :

« Ton numéro de Possibles [n° 23, Poètes en ligne] s'apparente à une véritable anthologie de poésie sur la vieillesse, l’absence et la mort. Tous les textes y sont saisissants au suprême. J’ai lu aussi certains de tes comptes rendus et ils témoignent d’un grand critique littéraire dont j’affectionne le style. Bravo. » — Ridha Bourkhis, courriel, 23 avril 2022

« Ce vingt-troisième numéro de la revue Possibles, oui, ainsi, au pluriel, résonne haut et fort imposant la poésie comme nécessité, à l’instar de l’eau que nous buvons, de l’air que nous respirons, du sang qui coule dans nos veines. Lire un tel numéro, découvrir les proses et les poèmes de ses voix multiples, plurielles, c’est dire oui à la vie. Merci aux poètes, merci à Possibles et merci à son maître d’œuvre, Pierre Perrin » — Hyacinthe Souffle Inédit, Le Livre des visages, 12 mai 2022

Pierre Perrin est poète, romancier et critique littéraire. De janvier 1975 à juillet 1980, il fait paraître vingt-deux numéros d’une revue nouvelle de littérature, dont il assure seul la composition pour faire découvrir des auteurs contemporains qu’il apprécie tout particulièrement. Et voici que, 42 ans plus tard, il reprend le fil de son métier d’artisan-revuiste, toujours au rythme d’un numéro par trimestre. Entretemps, la revue Possibles de 2015 à 2021 avait élu domicile mensuel sur la toile, à l’adresse qu’on peut toujours consulter, en libre accès. Soixante-deux numéros ont été publiés, qui demeurent à disposition des internautes.
Possibles revient donc au papier, préférant être tenue entre les mains d’un lecteur attentif qui prend son temps plutôt que d’être livrée aux vents furtifs du transitoire. Pour faire jointure, le numéro 23 reprend les meilleurs textes poétiques d’une quinzaine d’auteurs parmi les quelque deux cent cinquante qui furent publiés sur le site de la revue. C’est un véritable florilège offert au plaisir de tout lecteur amoureux de beaux textes, représentatifs de la poésie d’aujourd’hui. On y trouve également, pour clore le numéro, une quinzaine de notes de lecture, précédées d’une réflexion de Pierre Perrin sur l’écriture littéraire. – Gérard Mottet, Poésie Première n° 83, septembre 2022

De janvier 1975 à l’été 1980, 22 numéros de Possibles ont paru. Quarante ans plus tard, en 2015, un Possibles deuxième série est né en ligne avec 62 numéros d’où les présents poèmes sont extraits. Désormais, en suite interrompue de la première partie, la revue revient au format papier à compter du n°23.
« Vivre, c’est venir, grandir, tenir, avant de mourir : c’est aussi transmettre, perpétuer » nous dit Pierre Perrin, rédacteur en chef de la revue, dans ce qui tient lieu de postface.
Et c’est bien cette démarche que ce numéro de la revue Possibles entreprend en réunissant 17 poètes sur le thème de la perte, de la disparition, de l’évanescence de toutes choses, et aussi de la transmission.
Ce numéro s’ouvre sur une série de poèmes de Jacques Réda, célébration des disparus toujours présents : « Ceux d’entre nous qui ont le goût de l’éternel / reviennent la nuit dans la maison qu’on a vendue. »
Les poètes successifs vont évoquer, chacun à leur manière et avec l’écriture qui leur est propre, le deuil d’êtres chers.
Le deuil du père par Jacques Réda , avec le poème « Tombeau pour mon père » nous sommes descendus au cimetière dont on a coupé tous les arbres ….
Deuil de la mère avec Jean Pérol : « Mère me voici devant la pierre », ou Jean-Yves Masson : « Nous habitâmes une terre de joie »… ou encore ce cri d’amour de Richard Rognet : « Tu m’entends ? tu m’entends ? ai-je crié tandis que ma vie semblait se défaire autour de toi »… Deuil d’un ami avec Chloé Radiguet. Disparition de « mon ami, mon frère ». Tristesse insondable. Et les griffes de la douleur me labourent le cœur.
Mais aussi le deuil d’animaux avec Jean Orizet qui établit un lien entre la découverte d’une tourterelle morte au bord d’un puits et les rites sacrificiels égyptiens ; ou Jean-François Mathé : « Il n’était qu’un chat […] mais ses yeux sont restés ouverts, ont fixé les nôtres, pour nous prouver que malgré notre impuissance, il nous préférait aux dieux. »
Certains êtres affrontent soudain le deuil de leur pays, de leur maison, contraints à l’exil, et pour lesquels un objet les relie à leur vie d’avant Elle sont nombreuses à porter autour du cou, accrochée à une ficelle, une clé. Une clé de maison ancienne… cette clé qui n’ouvre sur rien. Qui n’ouvre sur rien, sauf sur un pan de sa mémoire (Jeanne Orient).
Il y a aussi l’exil intérieur, celui qui nous éloigne, non de notre pays, mais des autres ou de soi-même. On les appelle les « bouleversées » nous raconte Jeanne Orient : « Elles sont belles, lumineuses, vaillantes, présentes. Pourtant, une part d’elles s’est mise à flotter entre deux temps, deux mondes, entre elle et elle. » Et Annie Salager nous émeut en évoquant cette jeune mariée qui en traversant la place Bellecour « était sûre que les gens ne la voyaient pas puisqu’elle était transparente […] elle glissait au milieu d’eux comme un nuage, comme un rêve. »
Ce recueil aborde le passage du temps. Ce temps qui est un berceau où vos peines s’estompent (Richard Rognet) et qui nous entraîne progressivement vers la vieillesse la vieillesse est là, tout près, insidieuse (Chloé Radiguet). Absurde de vieillir au printemps… quand renaissance… quand éclosion … déplore Ève de Laudec ; tandis que Colette Fournier nous dépeint au détour du chemin, la vieille dame en gris.
Les objets témoignent de ce passage du temps, et restent présents dans nos mémoires, telle la balançoire évoquée par Jean Orizet : « ce matin encore elle oscillait sous les claques du vent. » L’enfant qui aimait cette balançoire est mort. Ou encore Jacques Réda et son regret : « on vient de supprimer le petit train d’intérêt local qui, les jours de marché, passait couvert de poudre. Et qu’ont-ils fait de la locomotive ? » C’est aussi Vénus Khoury-Gatha évoquant le cabinet d’essayage de la couturière les couturières qui pédalaient sur leur Singer.
Qu’on se rassure, cet ensemble de textes n’est ni triste ni sombre. Au contraire, il célèbre la vie, et nous invite à prendre le temps d’exister (Richard Rognet), à savourer cette joie qui pourrait nous suffire : celle d’être (Jean-Michel Maulpoix). Évanescence de cette joie qui nous envahit, et nous quitte, éclair subit venu de ce versant caché du monde (Philippe Delaveau). Il affirme la force des mots, de l’écriture, qui magnifie la vie. Changer en voix, en chant peut-être, le souffle même de notre vie, nous dit Jean-Michel Maulpoix.
C’est ainsi que ce recueil nous réconcilie avec la mort, nous la rendant à la fois proche et lointaine. — Marie-Noëlle George, La Cave Littéraire de Villefontaine


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